lundi 7 octobre 2013

Der arme Poet (bis)
Voici une analyse très intéressante du tableau "Le pauvre poète", trouvée sur le blog "le scribouill'art". http://scribouillart.wordpress.com/2008/08/26/le-pauvre-poete-carl-spitzweg/

       
Voici une œuvre que l’on connaît bien peu en France mais qui est, par delà le Rhin, presque aussi renommée que la Joconde de Vinci. Le pauvre poète (Der arme Poet) de Carl Spitzweg est une œuvre très importante dans l’histoire de l’art allemand… Commençons donc ici par une petite rétrospective afin de comprendre pourquoi.
Au début du 19ème siècle, l’Europe est marquée par le romantisme allemand. Les œuvres de peinture de l’époque mettent l’homme au centre des compositions, en harmonie avec lui-même et avec la nature ou réfugié dans un monde de sentiments intérieurs. Ce mouvement de liberté individuelle connaît un coup d’arrêt avec le congrès de Karlsbad de 1819. Lors de ce congrès, les représentants des états allemands décidèrent de mesures répressives (censure, contrôles) afin d’endiguer les risques de révolution. Commence alors le Biedermeier. La critique se fait plus insidieuse, moins frontale. L’œuvre de Carl Spitzweg est symbolique de cette contestation fine et détournée.
Derrière des œuvres de genre apparemment anodines, Spitzweg délivre un discours souvent très satirique sur ses contemporains. Avec "Der arme Poet", Spitzweg détourne la figure jusqu’alors très idéalisée par les romantiques du pauvre poète, de l’intellectuel reclus.
Ce tableau nous dévoile l’intérieur d’une petite mansarde. Une petite cage de quelques mètres carrés dans laquelle habite un excentrique, un farfelu. Le « poète » en question se tient allongé sur un pauvre matelas. Il tient dans sa bouche une plume et regarde sa main. On a d’abord cru que l’homme tenait ainsi sa main pour déclamer des vers. De nouvelles analyses expliquent que l’ermite est en fait en train d’écraser entre ses doigts une puce. Le parapluie suspendu au plafond et l’emmitouflement du personnage nous indiquent que la pièce n’est pas chauffée et mal isolée. Certains éléments accentuent le ridicule du personnage : un pince-nez, un bonnet de nuit et des pages de poésie placées dans le poêle pour être brûlées.
 
Le pauvre poète de Spitzweg prend à contre-pieds le stéréotype romantique de l’homme conscient de sa petitesse, face à une nature toute puissante. Le personnage de Spitzweg est un peu l’anti-héros, le contre-modèle du voyageur de Caspar David Friedrich. A la place de ce rêveur grandiose au cœur d’une nature infinie, Spitzweg met en scène un individu grotesque, concentré sur le minuscule, et dont la seule perspective paysagère est le toit enneigé de la maison d’en face, qu’il ne peut apercevoir qu’au travers sa toute petite fenêtre.

Références :
Œuvre : Der arme Poet
Artiste : Carl Spitzweg
Année : 1839
Lieu de conservation : Neue Pinakothek

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire